Courage Covid 19

 
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Le courage de crise : un atout du féminin au sein des organisations ?

 

La crise du / de la Covid n’a pas fini de susciter commentaires et analyses. Nous sommes encore largement plongés dans un épisode dont nous ne voyons toujours pas la fin, et dont on ne peut qu’imaginer les conséquences : nombreuses, durables, positives pour certaines, à n’en pas douter, désastreuses, pour d’autres.

Au contact quotidien avec le marché de l’emploi, je suis témoin, comme tous, des sentiments d’inquiétude qui animent actuellement  la majorité des entreprises.

Personne ne sait quand interviendra « le rebond », ni de quoi exactement il sera fait, sur un plan économique, social, politique, moral, etc.

Cependant, nous sommes sûrs d’une chose : la période que nous vivons actuellement demande à tous beaucoup de courage.

Pour la majeure partie d’entre nous, il ne s’agit pas de ce courage admirable, spectaculaire, flamboyant qui consiste à sauver des vies au péril de la nôtre. Il s’agit plutôt d’un « courage de fond », d’un « courage du quotidien » qui consiste à ne pas baisser les bras, à s’armer chaque matin pour affronter le jour comme il vient, à gérer l’incertitude et son cortège d’angoisse (la nôtre et celle de nos entourages).

Il s’agit aussi d’un courage qui nous conduit à être capables de jouer avec l’inconnu, à constamment ajuster nos décisions, nos projections, et surtout, surtout, à garder le sourire et savoir le rendre contagieux, malgré les circonstances.

La phrase de Prévert, rappelée par Jean-Louis Trintignant lors d’une cérémonie de festival de Cannes il y a quelques années, me semble prendre aujourd’hui tout son sens : « Soyons heureux, ne serait-ce que pour donner l’exemple ».

Les leaders et les managers à même de sortir plus vite, voire plus forts,  de ce contexte ne sont-ils pas celles et ceux qui sauront évidemment gérer la crise, mais aussi et surtout gérer l’incertitude ? Qui seront en outre capables de renforcer le pacte de confiance noué avec les équipes, et de leur donner la vision et les outils pour tenir dans la durée ? Tenir jusqu’à des jours meilleurs. Tenir jusqu’à ce que la nouvelle réalité prenne des contours plus nets, à partir desquels on pourra recommencer à dessiner l’avenir. Tenir avec force et lucidité, sans en attendre de lauriers ou des performances immédiates.

Dans nos contextes (pandémiques et géopolitiques) actuels, il me semble que ce type de courage se trouve davantage du côté de ceux qui continuent à avancer « malgré tout », à être « pessimistes par intelligence et optimistes par volonté ».

Bien sûr, ce courage-là n’exclut pas le fait de se poser des questions, ni d’être sujets à des « tempêtes sous nos crânes » ou encore à des « creux dans l’estomac ». Mais il est de l’ordre de la capacité à se situer le plus souvent dans une posture de raisonnable et juste confiance en l’avenir.  De la capacité à faire le dos rond, à se méfier des excès et à croire que construire ensemble est toujours et plus que jamais une option.

Pourquoi, alors, est-ce que, dans le titre de cet article, j’interpelle les femmes en priorité ?

Je ne souhaite surtout pas être clivante ni surtout essentialiste, pas plus que « genrée ». Mon ambition est de proposer une réflexion et, bien sûr, toujours, au passage, de valoriser l’apport des femmes au monde du travail !

J’ai en effet l’intime conviction que nos éducations et nos cultures nous ont davantage portées, nous les femmes, vers le type de courage évoqué plus haut. Ne nous a-t-on pas appris, en effet, à travers les siècles, à « tenir » ? Tenir un foyer, tenir la barque. En période de guerre, les femmes ne tenaient-elle pas l’industrie et l’économie, pendant que l’on envoyait les hommes au front ?

Ne sommes-nous pas séculairement habituées à des places tenues (encore !) dans l’ombre, sans tambours ni trompettes, sans attentes excessives, ni de notre part ni de la part de nos proches ?

Héritières de ce courage qui ressemble plus à de la résistance (aujourd’hui on parlerait aussi de résilience), interrogeons-nous sur le fait que les femmes ont peut-être une plus grande capacité à ne rien lâcher en période de tempête, à tenir, encore et toujours, dans un contexte dont la dureté nous éprouve tous.

Aussi probablement car nous avons moins à perdre, en termes de prestige et de pouvoir ?

Évidemment, j’ai conscience d’être ici à fond dans les stéréotypes. Bien sûr que « le courage de fond » n’est pas l’apanage des femmes. Bien sûr qu’il n’est pas non plus ancré dans nos gênes, pas plus qu’absent de l’ADN des hommes !

Mais … puisque les clichés et les stéréotypes ont la peau dure et nous ont malgré tout forgé.es au fil des siècles, et qu’ils font aussi que nos dirigeants et décideurs sont encore (très !) majoritairement des hommes, je les invite à s’appuyer sans réserve sur les femmes de leurs organisations pour contribuer avec force à tenir la barque, afin de passer le gros de la crise.

Enfin, puisque les stéréotypes, toujours eux, nous mettent aussi plus franchement du côté de la capacité à créer du lien, peut-être que les femmes et / ou le féminin pourront également, dans cette période plus qu’une autre, aider à définir ce à quoi nous aspirons tous de plus en plus, au-delà des crises, pour donner de l’élan et remettre en route des rouages encore crispés … : du sens.